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Mercredi, 14 mai 2025

Résultats pour le tag 'Transition'

  • Par BOUTET Orphé
  • 24-09-2023
Vers une transition quinquennale ?

A l’intérieur comme à l’extérieur du pays, la durée de la transition, décrétée par les forces de défense et de sécurité après leur « acte de libération » qui a mis fin au régime des Bongo, fait toujours couler beaucoup d’encre et de salive. Si certains, notamment les partenaires extérieurs, la veulent courte, d’autres voix la voudraient plutôt longue. Le gouvernement quant à lui ne s’est toujours pas officiellement prononcé sur la question pendant que le président de la transition, chef de l’Etat, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma, semble désormais avoir du mal à masquer ses ambitions de rester à la tête du pays.      

            A la suite de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et de l’Union Africaine (UA), le Commonwealth vient d’exclure le Gabon, qu’il avait intégré il y a un peu plus d’un an, pour une durée de deux ans. Des sanctions qui dans le fond sont pour presser les autorités de la transition à un retour rapide à l’ordre constitutionnel. D’ailleurs ce n’est certainement pas par hasard que l’organisme intergouvernemental basé à Londres a limité cette suspension à deux ans. C’est en effet la durée souhaitée par bon nombre de personnes (morales ou physiques) sur le plan national comme à l’international, même si la CEEAC a précipitamment parlé d’un an. Le premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, par exemple, lors d’une interview accordée à un média français s’est avancé sur cette durée de deux ans, mais a priori à titre personnel, car à ce jour son gouvernement et lui, tout comme le président de la transition, Oligui Nguéma, n’ont pas encore de manière officielle et définitive indiqué un délai précis. Ce dernier d’ailleurs laisse entendre qu’il revient à l’ensemble des forces vives de la nation, après concertation, de fixer la durée de la période transitionnelle.

            Cette idée d’une transition de deux ans ne fait donc pas consensus à ce jour. Certaines personnes, connues et moins connues, la veulent plus longue, car, selon elles, le « chantier de la Restauration » est immense. Le média privé Echos du Nord, par exemple, dans sa parution du 18 septembre dernier (se) demande en sa Une, partagée sur sa page facebook, : « Un quinquennat pour le Général-Président ? ». Une question qui sonne en fait comme une réponse.

             « Ce n’est plus une question. C’est une évidence. D’ailleurs la charte de la transition n’a pas expressément borné le mandat du CTRI (Comité de la Transition et de la Restauration des Institutions, ndlr), il est donc parti pour durer », réagit, en effet, à la suite de cette publication le journaliste Ismaël Obiang Nzé. Une position partagée par nombreux autres internautes ayant commenté ladite publication.    

            Une ambition présidentielle de plus en plus mal cachée

            De son côté, le président de la transition semble de plus en plus avoir du mal à cacher ses intentions de se présenter à la prochaine élection présidentielle. En effet, si la Charte de la Transition indique clairement que le vice-président, les membres du gouvernement ainsi que ceux du parlement ne pourront pas se présenter à cette élection, rien n’est dit ainsi au sujet du président du Comité de la Transition et de la Restauration des Institutions qui est également le chef de l’Etat. Ce qui ouvre la porte à nombreux débats et diverses interprétations. Marc Ona Essangui, figure majeure de la société civile et membre du bureau du sénat de transition, par exemple, estime que dans la mesure où le président de la transition cumule également les postes de ministre de la défense et de la sécurité intérieure, cela fait de celui un membre du gouvernement. Ce qui de facto l’exclurait au même titre que tous les autres membres du gouvernement de la transition de la course à la prochaine présidentielle.

Interrogé sur le sujet par des médias français le 22 septembre à New-York en marge du sommet de l’ONU, le premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, pense que la question sur l’éligibilité ou non des différents acteurs majeurs de la transition devra être tranchée lors de la concertation nationale prévue avant la fin de la transition. C’est dire que le débat est loin d’être clos. Surtout que quelques jours avant, répondant aux questions de Marwane Ben Yamed patron et journaliste de Jeune Afrique, l’homme qui a fait tomber la dictature des Bongo, Brice Clotaire Oligui Nguéma, estime dans son entendement ne pas être soumis à « cette restriction » dans la mesure où, selon lui, il ne sera pas des contributeurs du nouveau code électoral et de la nouvelle constitution. Autrement dit, quelle que soit la durée de la transition, rien ne lui interdit à ce jour d’être candidat à la prochaine élection présidentielle.  

Seulement, entend-il les personne qui, l’instar de Barro Chambrier, pensent qu’ « il ne faudrait pas qu’on s’installe dans la durée, et il ne faudrait qu’on prenne goût aux délices du pouvoir » ?   

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